Plaidoyer
Mis à jour le

Un Plan vélo et marche ambitieux

Depuis le début des années 2000, le Réseau vélo et marche plaide en faveur de la mise en place d’un Plan vélo et marche. Après de nombreuses années de mobilisation, un premier plan a finalement vu le jour en 2018, suivi par un second en 2022. Aujourd’hui encore, le Réseau continue de le soutenir activement, aux côtés de l’Alliance pour le vélo, de nombreux acteurs de l’écosystème cyclable et les collectivités locales.

Les trois piliers défendus par le Réseau vélo et marche

1. Assurer la continuité et la pluriannualité des financements

Le Réseau demande que les collectivités puissent accéder aux financements promis à l’annonce du Plan vélo et marche, dont les crédits sont engagés jusqu’en 2027. Il est indispensable que tous les fonds soient maintenus dans leur ambition initiale, que leur versement soit garanti chaque année, et que les dispositifs soient pérennisés dans leurs modalités.

Ce qui a été essentiel dans le Plan Vélo de 2023-2027, c’était sa dimension pluriannuelle. Pour la première fois, il ne s’agissait pas simplement d’appels à projets vélo, mais d’un véritable cadre sur cinq ans
Françoise Rossignol
Co-présidente du Réseau vélo et marche

Qu’est-ce qu’un Plan vélo et marche ?

Le Plan vélo et marche est une stratégie nationale lancée par l’État pour développer les mobilités actives en France, soit les déplacements à vélo et à pied. Concrètement, il s’agit d’un programme pluriannuel doté d’un budget spécifique. C’est donc la feuille de route nationale pour intégrer durablement le vélo et la marche dans la vie quotidienne des Français.

Les fondamentaux du Plan vélo et marche

Un lancement prometteur

Doté de 2 milliards d’euros sur cinq ans, il constitue un des grands piliers du Plan vélo et marche 2023-2027. Ce dernier est lancé pour redoubler d’efforts après le lancement du premier Plan vélo et mobilités actives en 2018. Le Plan vélo et marche 2023-2027, présenté par le Première ministre Élisabeth Borne en 2022 vise à inscrire définitivement le vélo et la marche dans la vie quotidienne des Français. Ses objectifs sont de :

  1. Rendre le vélo accessible à tous, dès le plus jeune âge et tout au long de la vie, notamment via le Savoir Rouler à Vélo et l’évènement national Mai à Vélo que le Réseau vélo et marche co-anime avec d’autres acteurs du vélo.
  2. Faire des mobilités actives une alternative attractive à la voiture individuelle pour les déplacements de proximité et combinée aux transports collectifs pour les déplacements de plus longues distances. L’objectif était de développer un réseau cyclable adapté et sécurisé, en aidant les collectivités à financer leurs projets d’aménagements cyclables sur leur territoire.
  3. Faire du vélo un levier pour notre économie en accompagnant les acteurs français de la filière.

Le Fonds mobilités actives, lui, vise à soutenir le développement d’axes cyclables structurants dans les territoires et se déclinait en deux appels à projets : aménagements et territoires cyclables, qui ont permis de financer des projets de collectivités urbaines, rurales et ultramarines.

Le contre-sens de l’État

Seulement, en 2024, dans un contexte de crise budgétaire et d’instabilité politique, le gouvernement Barnier annonce la suppression des financements du Plan vélo pour 2024. 0 crédit alloué pour 2024. Conséquence immédiate : près de 400 projets d’aménagements cyclables, déjà instruits via le Fonds mobilités actives, se retrouvent gelés. Cet abandon provoque une forte mobilisation des collectivités et de tout l’écosystème vélo : 650 élus représentant plus de 500 collectivités, ainsi que l’ interpellent le gouvernement pour dénoncer ce contre-sens écologique, économique et sanitaire. Lors du Salon des Maires de 2024, l’Alliance pour le vélo appelle à restaurer les 250 millions d’euros initialement prévus. En janvier 2025, nous réaffirmons que la continuité et la pluriannualité de cette politique sont indispensables pour soutenir les investissements d’infrastructures.

Un Plan vélo réanimé et raboté 

Le 14 janvier 2025, lors de son discours de politique générale, le Premier ministre François Bayrou annonce que “le Plan vélo doit être poursuivi avec les moyens qui lui sont nécessaires”. Il promet une enveloppe de 50 millions d’euros issue du Fonds vert. Si cette somme reste bien en-deçà des besoins (cinq fois moins que ce que prévoyait le Plan vélo initial), elle marque néanmoins un retour du (maigre) soutien de l’État.

Les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) permettent de soutenir des programmes opérationnels portés par les collectivités territoriales. Depuis plusieurs années, ces dernières mobilisent différents programmes CEE pour mettre en œuvre bon nombre d’actions, notamment pour leurs politiques cyclables, bénéficiant ce faisant à toute une filière économique et industrielle du vélo. Plus de 2 900 collectivités, partout en France, déroulent des pans structurants du Plan vélo grâce aux CEE. Citons pour exemple :

Ces programmes ont un effet levier important sur l’action vélo des collectivités. Pour 1€ investi via le dispositif, 2,41€ le sont localement dans les politiques vélo.

En 2025, aux côtés de la FUB, le Réseau vélo et marche s’est mobilisé pour sauver les CEE arrivant à échéance. Nous regrettons leur abandon et défendons la pérennisation de tous ces dispositifs, qui sont essentiels pour le développement des mobilités actives dans et par les collectivités, partout sur le territoire. Leur abandon est un recul majeur pour les dynamiques enclenchées localement, notamment dans les communes rurales ou petites villes, qui compt(ai)ent sur ces dispositifs.

Cet unique appel à projets mobilise 125 millions d’euros sur six ans pour accompagner 27 intercommunalités peu ou moyennement denses, engagées dans le développement ambitieux d’itinéraires cyclables. Les territoires sont par exemple accompagnés pour les phases d’étude, de travaux, de contrôle qualité, etc. Le Réseau vélo et marche anime le Club des territoires démonstrateurs.

Jusqu’au 14 février 2025, les particuliers et les personnes morales pouvaient bénéficier d’aides pour l’achat ou la location d’un vélo, via le bonus vélo et la prime à la conversion vélo électrique. Ces dispositifs permettaient d’inciter au passage à la mobilité active, en rendant accessibles des vélos mécaniques, mais aussi à assistance électrique, vélos cargos et vélos adaptés au handicap. Le bonus écologique pouvait atteindre 2 000 € pour les ménages les plus modestes, et 1 000 € pour les personnes morales, tandis que la prime à la conversion, conditionnée à la mise à la casse d’un véhicule polluant, pouvait aller jusqu’à 3 000 €, avec une surprime en zone à faibles émissions (ZFE). En 2023, près de 100 000 vélos électriques ont été vendus en France grâce à ces subventions. La fin de ces aides au 15 février 2025 est un véritable coup d’arrêt pour la transition écologique et sociale. En limitant l’accès au vélo pour de nombreux ménages, cette décision va à l’encontre des efforts pour encourager son usage au quotidien. Le Réseau vélo et marche déplore cette suppression, alors même que la demande reste élevée et que la pratique du vélo se développe fortement partout en France.

Depuis septembre 2025, demeure la fiche CEE TRA-EQ-131 pour : soutenir l’achat ou la location longue durée de vélos-cargos neufs ou reconditionnés par les personnes morales, avec une aide pouvant atteindre 600 €. Publiée au Journal Officiel du 22 août 2025, elle s’applique aux opérations engagées à partir du 1er septembre 2025. Attention : des offres à « 0 € » circulent sans garantir le respect de ces critères. La vigilance est de mise afin d’éviter toute escroquerie et de sécuriser le développement de la filière. Les conditions ont été durcies : conformité CE, moteur limité à 250 W et 25 km/h, capacité d’emport supérieure à 175 kg, identification obligatoire au fichier national des cycles. Plus d’infos sur Les Boîtes à Vélo.

2. Promouvoir les mobilités actives comme priorités nationales

Au-delà des financements, le Réseau milite pour que le vélo et la marche restent au cœur des politiques publiques, que ce soit celles de transport ou de mobilité, de santé publique ou encore de transition écologique. « L’État doit être là pour structurer la dynamique et le changement de mentalité ». Guillaume Gouffier-Valente, coprésident du Club des élus nationaux pour le vélo et la marche. A lui d’offrir une « politique cohérente » pour soutenir et développer le système vélo, estime le député. Le Réseau revendique une intégration systématique du vélo et de la marche dans tous les projets d’aménagement, d’urbanisme et de transport, mais aussi dans toutes les politiques publiques.

 

3. La tenue d’un comité interministériel du vélo

Un premier comité interministériel vélo et marche s’est tenu le 5 mai 2023, après une longue attente des acteurs de l’écosystème vélo. Il était présidé par la Première ministre Élisabeth Borne et a constitué une étape symbolique forte, soulignant la reconnaissance au plus haut niveau de l’importance des mobilités actives.

Le Réseau vélo et marche attend toujours l’acte II promis et plaide pour que ce rendez-vous devienne régulier et réellement structurant des politiques publiques. À ce titre, le Réseau soutient également la nomination d’un coordinateur interministériel vélo et marche, doté de moyens et d’un mandat clair, afin d’assurer le suivi, la cohérence et l’impulsion des actions entre les différents ministères. Un tel rôle serait clé pour garantir la transversalité nécessaire à une politique ambitieuse en faveur des mobilités actives.