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Le vélo public en France : un secteur dynamique et innovant, au cœur des (inter)mobilités durables

Services de location de vélos et de free-floating - Source : AAVP-Inddigo

Un secteur en forte croissance, porté par l’électrification et la diversité des offres

Le Rapport du Vélo Public 2025, coordonné par l’AAVP, et réalisé par Inddigo avec le soutien financier de l’Ademe, a été dévoilé à Orléans le 5 novembre dernier. Il fait suite à une première édition publiée en 2023. Cette étude dresse un bilan de l’évolution des services vélos en France : 411 services recensés, près de 200 000 vélos publics et 17 000 vélos en free-floating, avec une croissance soutenue depuis 2022. La location longue durée (VLD) représente désormais 3 vélos partagés sur 4, devant le libre-service (VLS) et le free-floating.

Source : AAVP-Inddigo

Vélo public : de quoi parle-t-on ?

Les entreprises qui œuvrent pour le vélo public ont décidé de s’unir en 2022 pour créer l’Association des Acteurs du Vélo Public (AAVP).

 Constituée de 19 acteurs économiques du vélo, cette association représente plus des deux tiers des flottes françaises de vélos en libre-service ou de vélos en location moyenne et longue durées opérées par des autorités organisatrices de la mobilité (AOM). Elle vise à regrouper tous les acteurs qui opèrent, fournissent ou participent à l’émergence des services de vélo public, en libre-service ou en location longue durée. Elle représente la filière auprès des pouvoirs publics. Elle siège au sein du Collège des Parties Prenantes de la Filière France Vélo et dispose d’un représentant au sein de son Comité Stratégique.

L’AAVP a pour but de faire grandir l’expertise vélo française, de promouvoir et de développer le modèle de services de vélos publics auprès des décideurs de tous les territoires. Pour ce faire, elle s’est dotée d’un outil puissant : le Rapport du Vélo Public qui vise à objectiver par des données qualitatives et quantitatives la zone de pertinence des services de vélo public dans l’offre intermodale.

Source : www.aavp-asso.fr

Une évolution marquée par l’électrification

80 % du parc de vélos partagés est désormais à assistance électrique, contre seulement 33 % pour les VLS en 2022. Les collectivités innovent aussi en proposant des vélos adaptés (PMR, cargos, enfants), répondant à une demande croissante de mobilité inclusive et durable. Les densités d’offre de VLD les plus élevées se trouvent à Saint-Nazaire, Le Mans, Grenoble, Amiens et Annecy, confirmant l’engagement de ces territoires en faveur du vélo comme mode de transport quotidien.

Source : AAVP-Inddigo

Un service d’intermodalité reconnu

Les usagers sont globalement satisfaits, surtout pour les services avec une forte implication des collectivités (régie ou marché public). 24 % des usagers de vélos publics déclarent utiliser le vélo en intermodalité avec les transports en commun (contre 1 à 12% pour la population générale), témoignant du fort potentiel d’articulation entre ces deux modes. Les tarifs solidaires, proposés par 75 % des services, renforcent l’accessibilité pour tous, notamment pour les étudiants et les demandeurs d’emploi (certains services proposent la gratuité).

Un modèle économique intéressant comparé aux autres services de transport public

Le reste à charge moyen pour les collectivités reste maîtrisé (660 € HT/VLD/an, 1 600 € HT/VLS/an), ce qui revient à 0,51 € / km pour les VLS en moyenne (mais ce coût peut descendre en dessous de 0,2€ / km sur les territoires denses) et 0,66€/ km en VLD. En parallèle, ces offres de service public peuvent être déployées sans frais d’infrastructure sur tout le territoire pour un maillage optimal de l’offre de mobilité et restent très avantageuses au km pour les utilisateurs.

Un service au cœur de l’économie locale

Le secteur génère 2 800 emplois (ETP) non délocalisables en France, avec une création nette de 600 ETP depuis 2022. Côté coûts, le reste à charge pour les collectivités reste maîtrisé (660 € HT/VLD/an, 1 600 € HT/VLS/an), malgré une légère hausse due à l’électrification et au déploiement de petits services en zones peu denses depuis l’étude de 2022 (qui estimait : 490€/VLD/an et 1490€/VLS/an).

Le vélo public, pilier de la filière vélo française

Les RNTP ont aussi été l’occasion de souligner la place centrale du vélo public dans la filière économique du vélo, comme le rappelle le Dossier du Réseau vélo et marche sur la filière économique du vélo en France.

Exemple emblématique : Velhop, le service de l’Eurométropole de Strasbourg, fête ses 15 ans en 2025 avec une flotte de plus de 6 500 vélos. Velhop se distingue par son modèle hybride (location courte et longue durée), son accessibilité (vélos adaptés, tarifs étudiants, agences mobiles) et son intégration dans une politique globale de mobilité active et d’intégration aux transports en commun. Une autre dimension dans laquelle le service Velhop se distingue est la mise à disposition important d’offre de vélos adaptés, mettant en lumière la capacité du vélo public à renforcer la mobilité inclusive en étant un vecteur d’une mobilité cyclable pour toutes et tous.

Pony, figure d’un secteur innovant et lauréat des Talents du vélo 2025

L’édition 2025 des Talents du vélo, remis par le Réseau vélo et marche, a mis à l’honneur comme chaque année, des projets et des actions au service du développement du vélo en France.  Parmi les lauréats, Pony, entreprise angevine, a été récompensée par le prix “Innovation de service” pour son Double Pony, le premier vélo électrique deux places en libre-service, conçu pour la durabilité et la convivialité. Avec des batteries réparables et une maintenance locale, ce projet illustre l’innovation sociale et environnementale du secteur.

Une perspective européenne prometteuse

Une étude récente de EIT Urban Mobility et Cycling Industries Europe révèle que le vélo public représente un investissement très intéressant pour les collectivités. Chaque euro dépensé aujourd’hui génère un rendement annuel de 10 %, soit 1,10 € d’externalités positives.

L’étude de EIT précise que le vélo en libre-service génère 305 millions d’euros de bénéfices annuels en Europe, grâce à des gains en santé publique, en réduction des émissions de CO₂ et en désengorgement des villes. Les systèmes européens permettent d’éviter 46 000 tonnes de CO et 1 000 maladies chroniques par an, tout en soutenant 6 000 emplois et en réduisant les coûts de mobilité pour les usagers.

D’ici 2030, les bénéfices pourraient donc atteindre 1 milliard d’euros par an si les investissements et l’expansion se poursuivent.

Ces chiffres confirment que le vélo public est bien plus qu’un simple mode de transport : c’est un levier de transformation urbaine, économique et sociale, au même titre que les bus ou les trains.

Enjeux et perspectives

Pour poursuivre cette dynamique, les acteurs du secteur misent sur :

  • L’augmentation du réemploi des vélos, par exigence environnementale et économie de ressources, en combinant REP ASL, Bonus réparation et loi AGEC dans les cahiers de charges.
  • Le renforcement des aides et subventions qui permettent de faire baisser les tarifs de location, notamment dans les petits territoires où le Versement Mobilité n’existe pas. Le rapport de l’AAVP indique ainsi que 39% des collectivités ont reçu des aides pour financer les services de location : 88% des Communautés de Communes et 30% des métropoles et syndicats mixtes.
  • L’intégration du vélo dans les politiques de mobilité globale, avec une meilleure articulation entre vélos partagés, transports en commun et aménagements cyclables.

Le vélo public est aujourd’hui un service public de mobilité à part entière, porteur de bénéfices multiples : santé, climat, équité, attractivité des territoires et économie locale.

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